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Deuxième jour : 6 pages d'écriture, c'est presque bon!

80 jours pour écrire un roman. Deuxième journée. Il faisait plutôt beau mais je ne suis pas sorti, j'ai pris l'air mais rien d'exceptionnel. J'aurais bien aimé pourtant. Partir à la mer. Se balader dans un parc. Assister à un défilé du 14 juillet avec des chevaux et du crottin. Non, le seul 14 juillet que j'ai vu éclatait au-dessus de la Loire en mille couleurs. C'était plutôt joli, il y en avait à trois endroits en même temps. Pif, paf et poum. Après trente minutes à se frictionner les bras parce qu'on a la flemme de rentrer prendre une veste, on rentre quand même parce que c'est fini. On est bien réveillé alors on a écrit...

C'est presque bon. On peut comprendre ça dans deux sens. C'est presque bon, par rapport à mon objectif de 3,75 pages par jour en moyenne. Au bout de deux jours, je devrais en avoir écrit 7,5, mais je n'en ai écrit que 6, en sachant que je n'avais écrit qu'une page hier à cause de l'écriture du synopsis. Un chapitre de 6 pages en une journée ? Je devrais au contraire m'avérer content. Si je garde ce rythme, j'aurais fini le roman à la moitié du chemin, j'aurais tout le temps ensuite pour me relire, retravailler le texte... On peut rêver !

C'est presque bon peut aussi s'entendre sur la qualité du travail. C'est un premier jet, je me suis amusé à l'écrire mais j'ai le sentiment que je vais devoir affiner les choses sur les personnages, retravailler les dialogues, les descriptions... A quel moment de la journée sommes-nous ? A quel moment de l'année ? Il me faudra peut-être dessiner (ou piquer sur le net) un plan de la maison. Je me demande en même temps si c'est bien important pour ce passage ? Le but est de "donner le ton", de faire sourire, de présenter les personnages, de faire comprendre de quoi va parler le roman et de créer un suspense de fin de chapitre, le fameux "cliffhanger" des écrivains américains.



J'ai besoin de votre avis. Que pensez-vous de ce début (je ne vous mets pas le chapitre en entier, vous avez sans doute plein d'autres choses à faire aujourd'hui, regardez votre vaisselle dans l'évier par exemple, beurk, vous avez mangé quoi ?) :

Mon fils commençait à se douter de quelque chose. William restait plus de temps dans la salle de bain, il se regardait dans la glace de l’entrée, il me dévisageait longuement aussi. Quand je me mettais ma blouse de travail pour aller sur le chantier. Quand je riais gorge déployée à une blague d’un de mes employés. Quand j’étais de mauvaise humeur en apprenant que le permis de démolition n’avait toujours pas été accordé par la mairie. Quand je flirtais avec sa mère au téléphone. Quand j’ouvrais les volets le matin. Quand je baillais le soir. Je crois que même que c’était lui le courant d’air froid que je sentais dans la salle de bain pendant que je prenais ma douche. 
Un jour, je l’ai vu fouiner dans les albums de famille dans l’armoire du salon, je n’ai pas m’empêcher de le prendre par le bras et de l’engueuler comme un gars qui aurait failli renverser sa pelleteuse dans une pente : 
— Qu’est-ce que tu cherches, William ? Si tu veux poser une question, c’est maintenant ou tu la fermes à jamais ! 
— Papa, j’ai besoin de savoir. Dis-moi la vérité. Tu es mon vrai père, n’est-ce pas ? 
Il fallait que ça arrive. Des années que je lui racontais qu’il était un fils adopté. Tout bébé, il ne se souvenait pas, et enfant, nous nous étions évertués avec sa mère à lui donner les vêtements et les coupes de cheveux à la mode, histoire qu’il ne diffère pas des autres gosses. Il devait passer pour n’importe qui. Un garçon modèle. Un môme d’appoint. Un « fils de » interchangeable. 
Je lui ai lâché le bras et je suis allé me chercher une bière dans le frigo. William m’a suivi. 
— Je suis plus grand que toi, mais on a la même tête, papa. On a le même visage allongé, les mêmes fossettes aux joues quand on sourit. 
— Bientôt, tu vas me dire que tu as le nez ta mère et les oreilles de ton oncle. Un gamin, c’est toujours un mélange. Avec le père ou avec le facteur, ça change quoi pour toi ? Je t’ai élevé avec amour et c’est comme ça que tu me remercies, en me disant que je suis ton père biologique ? Pourquoi pas vouloir faire un test ADN pendant que tu y es ! 
— Il n’y a pas besoin. 
Mon fils aurait-il récupéré un poil de ma barbe dans le lavabo pour le faire analyser ? J’avais  sûrement vu trop de films. 
— Pourquoi dis-tu ça, William ? Tu as finis par admettre que tu es un enfant de la DASS ? On a t’a recueilli, mon fils, exactement comme Moïse qui fut sauvé des eaux du Nil par la fille du pharaon… 
— Maman ! 
(...)


Des remarques ? Des critiques ? Ca vous donne envie de connaître la suite ? C'est le moment où jamais, parce qu'après je boucle roman, je l'envoie aux Prix Nouveau Talent de la Fondation Bouygues Telecom et les éditions JC Lattès l'impriment à plusieurs miliers d'exemplaires (si tout va bien). Il ne faudra pas vous plaindre alors si, ouvrant le livre en librairie, vous découvrez sur la première page une ABONIMABLE COQUILLE.

Pour donner votre avis, vous pouvez laisser un commentaire en bas de cet article ou voter sur le sondage que je viens d'installer, dans le menu de droite (en remontant un peu).


Prochaine étape : me relire, écrire le chapitre 2, faire part de mes doutes à mon entourage, faire comme si tout allait bien sur mon blog et garder un peu de hargne pour terminer une nouvelle pour un concours.

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