Accéder au contenu principal

Trois nouveaux livres sur Philip K. Dick en 2015 !

Pour les amateurs de Philip K. Dick en bouteille, 2015 sera une bon cru, et même une très bonne année !

En effet, ce n'est pas un ni deux mais trois livres qui sortent cette année sur l'auteur de science-fiction qui inspira des films comme Minority Report, Total Recall, BladeRunner, L'agence, Paycheck et j'en passe. L'intérêt pour l'auteur ne s'est jamais démenti : en 2006, Les Belles Lettres éditaient une étude et des témoignages dans Regards sur Philip K. Dick : le kalédickoscope ; en 2012, Le Lieu Unique à Nantes accueillait une série de conférence sur l'auteur, Actusf publiait un Petit Guide à trimbaler de Philip K. Dick et Len Wisman réalisait un remake de Total Recall ; en 2013 Le Maître du Haut Château bénéficiait d'une nouvelle traduction, l'anthologie hommage Dimanche au bord du monde, et autres nouvelles paraissait aux éditions Assyelle (avec l'une de mes nouvelles à l'intérieur...).

Mais rien en 2014. Nada ¿Qué pasa? Folio SF publie et republie chaque année ses recueils de nouvelles, ses romans sont compilés chez Omnibus et réédités chez J'ai Lu, mais rien de nouveau sous le soleil de Californie (où vécut l'auteur). Philip K. Dick est-il mort ?

Cela ne pouvait pas durer ! Janvier 2015, Ridley Scott produit une nouvelle série inspirée du Maître du Haut Château : The Man in the High Castle, encore inédite en France. Avril 2015, deux petits bijoux paraissent en même temps aux éditions de L'éclat, des traductions des derniers discours de l'auteur en off de ses romans :

- Si ce monde vous déplaît... et autres essais : la plupart des fans de Dick connaissent déjà son texte "Comment construire un univers qui ne tombe pas en morceaux au bout de jours" daté de 1978 (plus connu sous le titre "Comment construire un univers qui ne s'effondre pas deux jours plus tard"), édité dans diverses collections et même adapté au théâtre par Louis Castel en 1993, mais on trouve trois autres essais qui méritent de commander le livre à son libraire favori : Androïdes contre machines (1972), Hommes, androïdes et machines (1976) et Si vous trouvez ce monde mauvais, vous devriez en voir quelques autres (1977). A la lecture de ces textes, on s'aperçoit que Philip K. Dick était diablement intelligent... et qu'il savait manier l'auto-dérision !




- Dernière conversation avant les étoiles : ce petit livre de 200 pages retranscrit le dernier entretien accordé par l'auteur avant sa disparition en mars 1982. Il s'agit en réalité d'une série d'entretiens, réalisées par Gwen Lee entre le 10 et 15 janvier 1982, deux mois avant son décès. Ironie du sort, le film Bladerunner est sorti la même année. es propos de Philip K. Dick ont été enregistrés sur magnétophone, la retranscription est donc fidèle. Un des intérêts de ce texte est de révéler le processus de création de l'auteur pour un livre qui ne sortira pas et de nous montrer que ses "délires métaphysiques" alternent avec une conscience très claire de son métier d'écrivain. Ironie du sort, Philip K. Dick parle également du tournage de Bladerunner avec Harison Ford, mais celui-ci ne sortira en salle qu'en juin 1982, soit trois mois après sa mort.



Evidemment, le premier ouvrage avait déjà été édité en 1998 et le second en 2005, mais leur réédition en poche (à 8 euros !) devrait permettre à tout fan de Dick de se les procurer sans attendre qu'ils soient de nouveau épuisés (dans quel cas, je serai prêt à vous les revendre en ajoutant quelques zéros...).



18 juin 2015, sortie officielle de Philip K. Dick, Simulacres et illusions, sous la direction de Richard Comballot, aux éditions Actusf, après une campagne Ulule qui a atteint 302% de ses objectifs, soit 9088 euros, ce qui montre que la communauté dickienne sait se mobiliser quand on lui promet "des interviews rares et parfois même inédites, ainsi que des articles écrits spécialement pour l'occasion par des spécialistes français (Étienne Barillier, Jacques Mucchielli, Olivier Noël...)"Les éditions Actusf avaient déjà publié en 2012 un "Petit guide à trimballer de Philip K. Dick" d'Etienne Bariller (co-auteur avec Arthur Morgan de plusieurs ouvrages sur le steampunk), un résumé de la vie de Dick et de chacun de ses romans. Un petit ouvrage très utile. Cette nouvelle monographie a plus d'ambition. Espérons qu'elle ne nous décevra pas !

Nous n'oublions pas non plus la "journée d'étude sur Philip K. Dick" qui devait se tenir à Paris au premier semestre 2015, c'est-à-dire hier ;)

Il manque encore la traduction intégrale de son "Exégèse", près de 8000 pages, un cauchemar éditorial ! En attendant, nous aurons sûrement droit à des traductions partielles. Les boissons avec appellation dickienne contrôlée ont encore de beaux jours devant elles !

A votre santé !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Eloge du vouvoiement

Ringard, le vouvoiement ? Le "vous" serait-il condamné à disparaître, comme le panda et l'éléphant d'Afrique ? Reconnaissons-le, le vouvoiement impose d'office une distance, une division des espèces. Il rappelle l'aristocratie, la relation de maître à serviteur. On ne veut plus vouvoyer car on ne veut plus de cette forme d'autorité, des relations à sens unique. On veut communiquer d'égale à égale entre deux amis potentiels, tu1 et tu2. Tu=tu Le tutoiement systématique, la féminisation des mots et le mariage gay sont les trois symboles du changement de paradigme qui s'opère sous nos yeux. Exit la société patriarcale et bienvenu dans le village planétaire. Celui où le personnel côtoie le privé. Où l'intime se donne à voir sur les réseaux sociaux. Les relations sont horizontales, la pyramide sociale a été remplacée par un monde plat. C'est plus simple, c'est plus sympathique, c'est plus rapide aussi. Mais n'a-t-on

Pour écrire, il me faut un plan

Pour écrire, il me faut un plan. Un squelette. Une espèce de filet tendu entre deux moments de l'histoire. Le début et la fin. Mais le début de l'histoire n'est pas nécessairement le début dans la chronologie. la fin n'est pas la fin de tout, le héros ne meurt pas obligatoirement, le monde ne s'effondre pas. Il y a même des fins ouvertes à d'autres possibles. Mais en attendant l'histoire est terminée, l'intrigue, le sujet initial a été développé jusqu'à ses ultimes conséquences, le démon de Maxwell est content. Tout est rentré dans l'ordre, non pas "tout finit bien", mais tout est à présent ordonné, à sa place. Tout est clair, lisible : le puzzle est terminé. Le héros peut pleurer ou se réjouir. La vérité qui vaut à la page 305 du roman est donnée comme la déclaration finale, la vérité ultime sur ce qui est conté, le secret des secrets. Imaginez une histoire qui commence par la révélation d'un secret. Il faudra bien évidemment montr

Retour sur l'atelier d'écriture de Guérande

Cela s'est déroulé 9 février dernier. L'atelier d'écriture s'est rempli très vite. Nous étions au complet, avec dix participants, pour la plupart aguerris, habités des ateliers d'écriture proposés par la médiathèque Samuel Beckett de Guérande. Ces ateliers, animés par des auteurs, ont la particularité de proposer à la fois des cycles complets, par exemple sur l'écriture d'une nouvelle, et des ateliers d'écriture ponctuels autour de jeux d'écriture. On s'y amuse, on s'étonne des histoires qu'on parvient à créer et on apprend à faire connaissance l'espace d'une journée. C'est ce type d'atelier que j'ai animé. C'est ainsi que j'ai découvert l'écriture de Maryvonne, de Joëlle, de Christian, de Marc, d'Hélène, de Catherine, de Jeanine, d'Helena, de Béatrice et de Monique. Je les remercie pour leurs belles productions, leurs idées de lecture ou d'ateliers. Je reviendrai à Guérande avec plai