Voulez-vous connaître des secrets d'écrivain, comment j'ai écrit ma nouvelle "Dieu joue du saxophone", lauréate du concours de nouvelles organisé par les éditions Assyelle en hommage à Philip K. Dick et publiée en 2013 dans le recueil Dimanche au bord du monde, et autres nouvelles ? Ne vous inquiétez, il n'y a pas de spoiler et de toute façon, j'ai intégré une appli d'effacement de la mémoire à la fin de l'article :)
Comment j"ai trouvé l'idée de la nouvelle
Philip K. Dick étant mon auteur préféré, je ne voulais pas me louper, il fallait que je sois publié sur ce concours. J'ai donc commencé par relire quelques nouvelles de l'auteur avant de m'en éloigner. J'ai réfléchi à la manière d'actualiser les thématiques de l'auteur, comme le proposait l'éditeur. J'avais envie de traiter du trucage de la réalité et j'ai pensé aux objets de la vie courante. Associée à théorie des mondes parallèles de la physique quantique, je suis arrivé sur la piste du LHC à Genève et mon imagination a fait le reste (merci à elle !).
Comment j'ai construit le plan de la nouvelle
J'ai alterné le point de vue de deux époques différentes, étant entendu que l'une se situerait dans l'Amérique des années 30, l'autre dans le présent. C'est une méthode très efficace pour donner un rythme.
J'ai effectué des recherches sur les expériences en cours sur le boson de higgs et je me suis aperçu qu'il y avait des orages au-dessus de Genève en 2012, comme dans ma nouvelle, j'ai donc essayé de faire coller les dates du récit à celles de la météo, et tant pis si l'histoire devait se dérouler avant la date de publication du recueil ! Ce serait un texte de rétro-fiction, une uchronie en somme, à moins que ce que je décrive ne soit vraiment arrivé... :)
J'ai entendu la chanson V.A.L.I.S. de Bloc Party qui venait de sortir, je me suis permis d'intégrer certaines paroles dans le cours de mon récit. VALIS fait en effet référence à SIVA (VALIS en anglais) de Philip K. Dick dans sa trilogie divine.
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Genève 2012, photographie reproduite avec l'aimable autorisation de l'auteur, le photographe Christophe Suarez (http://www.chasseurs-orages.com/) |
J'ai rajouté en exergue une citation d'Alexandra David-Neel provenant d'un livre trouvé sur une brocante. Ce passage m'avait marqué et j'avais trouvé qu'elle collait parfaitement à l'histoire (je peux même me demander si cette citation n'a pas fait lentement son chemin dans mon inconscient et si ce n'est pas cette citation qui a précédé l'idée de la nouvelle ?). C'est aussi une dame que j'apprécie beaucoup.
Comment j'ai travaillé le style
Stephen King dit qu'il faut assécher son style, retirer les adjectifs inutiles et enlever 10% de sa première version. Alors j'ai taillé, coupé, élimé, frotté, poli... C'est particulièrement valable pour le format "nouvelle" où chaque mot a son importance. Il faut être concis mais aussi efficace dès le début de l'histoire. C'est, je trouve, très formateur. On aura sans doute moins de difficulté à couper son propre texte quand on passer au format "roman".
Si vous avez lu ma nouvelle, vous aurez remarqué l'importance du climat, de la tempête, des orages... C'était très important de lui donner une place dans le texte, un peu comme un personnage à part entière, étant donné le thème de la nouvelle, la passivité d'un des deux protaganistes, la montée du suspense vers la catastrophe finale. Je suis adepte de la double révélation : ce qui est en haut est comme ce qui se passe en bas, ce qui se passe dans le monde extérieur est aussi ce qui se passe à l'intérieur de l'individu, celui qui se rend compte des événements s'en rend compte précisement parce qu'il est quelqu'un de particulier... Je suis ici l'exemple des grands maîtres du fantastique comme H. P. Lovecraft, une autre de mes lectures favorites.
Comment je me suis documenté
Ma nouvelle se situe (en partie) à Bruxelles, je me suis donc promené sur google map pour pouvoir situer le déplacement des mes personnages, connaître le nom des rues et des bâtiments, des informations qui ne se retrouvent pas toutes dans ma nouvelle mais qui me permettaient de mieux visualiser les scènes et d'améliorer mes descriptions.
Concernant les bâtiments de recherche sur le LHC, je me suis inspiré de mes propres souvenirs des bâtiments universitaires à Jussieu (Paris VII-Denis Diderot) où j'ai étudié pendant quelques années. En puisant dans mes souvenirs, la scène devenait encore plus réelle à mes yeux, elle avait donc plus de chances d'avoir aussi cette qualité pour mes lecteurs, à condition d'arriver à rendre mes impressions par écrit, évidemment, mais c'est la tâche de l'écrivain, non ? Voilà comment se mélange le réel et la fiction...
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Jussieu à Paris |
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